Le journal du CNRS publie un entretien avec Regis Aubry, co-président de la plateforme nationale pour la recherche sur la fin de vie et Benoit Eyraud, sociologue au Centre Max Weber.
Dans un contexte où l’attention s’est d’abord focalisée sur le sanitaire, puis dans un deuxième temps seulement sur le médico-social, certaines mesures adoptées en directions des personnes âgées ou vulnérables posent question : des mesures sanitaires sont apparues comme très administratives et verticales, le droit de visite par exemple, ce qui n’a pas facilité l’appropriation de ces directives et leur ajustement. Notre société tend à surprotéger les plus vulnérables, ce qui infantilise, et provoque un sentiment de « ne plus être ».
On trouvera dans cet article un lien vers la présentation de l’étude COVIDEHPAD relative aux confinement, aux fins de vie et à la mort dans les EHPAD, liés à l’épidémie de Covid-19 en France.
Les militants de l’association OLD’ UP s’élèvent contre une évaluation du danger les concernant trop souvent restrictive, imposée, non négociée. La concertation avec les parties prenantes est une nécessité pour que les sujets dont il est question ne deviennent pas les objets des décisions les concernant. À tout moment de la vie il peut arriver qu’on doive choisir entre deux risques, et l’évaluation du danger pour soi et pour les autres semble légitime. Des progrès importants ont été réalisés en matière de consentement aux soins, dans le choix respecté des directives anticipées, ces marques de respect ne doivent pas s’effacer devant l’actuelle pandémie.
L’association OLD’UP a interrogé des personnes de 70 ans et plus à propos de leur confinement et de leur représentation de l’après. 5385 répondants qui font émerger la spécificité et l’originalité de leur expérience d’acteurs du vieillissement durable. Les résultats et verbatim de cette enquête, qui démontre que beaucoup d’entre eux ne se sont pas sentis reconnus dans le portrait dressé par les experts : vulnérables, isolés…, se lisent sur le site de l’association.
Dans le cadre des états généraux de la séniorisation, des débats ont été organisés autour de la citoyenneté et de l’inclusion des plus âgés. En effet, dans le contexte actuel où le langage est délétère vis-à-vis de l’âge, où les politiques ne savent plus s’adresser aux plus âgés, alors que le monde de la gérontologie est très fragmenté, il est indispensable de passer d’un discours sur les « ainés à protéger » à des débats ouverts et des solutions coconstruites avec les parties prenantes.
Avec une approche très nord-américaine, où la démarche éthique est incarnée par les bioéthiciens, le rôle et la place de l’éthique appliquée en temps de crise.
Nous nous retrouvons dans un entre-deux déstabilisant, alors que la saisonnalité du virus ne fait pas sa preuve, et que nous semblons à la merci d’un relâchement de notre vigilance. Il nous est important de prendre soin de soi pour prendre soin des autres.
lien vers l'articleLien vers des ressources concernant l'épidémie du Covid-19, généralement universitaires, en français ou en anglais, philosophiques, sociologiques, historiques :
Une étude rétrospective réalisée à Brescia en Italie analyse la corrélation entre décès et prévalence de troubles cognitifs sur un panel de 627 patients. Cette étude met en évidence un taux de décès très supérieur chez les patients atteints de troubles cognitifs : 62.2% vs 26.2% chez les personnes non atteintes de troubles cognitifs. De plus l’étude met en évidence des signes cliniques de l’infection atypiques ce qui impacte la précocité du diagnostic.
En février, la revue The Lancet publiait une série d’études pour mettre en évidence les conséquences d’un confinement à venir. De fait, les personnes âgées, déjà vulnérables ont été exposées à des stress importants eux-mêmes générateurs de syndrome de glissement. On retrouve des symptômes tels que l’apparition d’une anorexie, des troubles mentaux difficilement accessibles aux traitements. La prévention avec des mesures de distanciation reste le meilleur atout, mais elle ne devrait se faire au détriment de la sécurité, Il y a une bénéfice/risque, à faire au cas par cas.
En pleine crise sanitaire est né un outil, le téléstaff, destiné à rompre l’isolement de certaines structures, à les faire communiquer entre elles, et à leur permettre un accès aisé à des expertises spécifiques : hygiéniste, épidémiologiste. Cet outil est devenu régional, se pérennise et permettra de maintenir un lien fort entre les établissements.
Le Haut Conseil de Santé Publique a délivré un avis relatif à la gestion de l’épidémie Covid-19 en cas d’exposition de la population à des vagues de chaleur, avec la contribution de la Société Française de Gériatrie et de Gérontologie.
L’ensemble des modélisateurs insiste sur l’importance des mois de répit que nous devrions connaitre pour préparer les structures de soin à un pic d’incidence du Cocid-19 au cours de de l’hiver prochain.
Mais dans ce contexte, il convient de rester vigilant, dans l’utilisation des systèmes de climatisation, de ventilation et de brumisation. Cet avis aborde aussi la question des personnes symptomatiques.
L’observatoire Ergocall met en évidence l’arrêt brutal du suivi médical chez les plus de 65 ans, alors que 69% d’entre eux ont des difficultés physiques et/ou psychologiques. Il est urgent d’accompagner ces personnes vivant à domicile, en leur apportant les conditions d’un suivi médical en toute sécurité. La téléconsultation, plébiscitée par les médecins n’est pas la solution attendue par les seniors, faute d’équipent ou de compétences, il apparait donc important de réduire la fracture numérique. Il faut aussi retravailler la coordination et les parcours de soins entre la ville et l’hôpital.
Dans le contexte du Covid, il est fondamental d'avoir une approche centrée sur la gestion des signes infectieux, mais aussi sur des soins spécifiquement gériatriques, afin d’éviter une décompensation globale.
En lien, un retour d’expérience à Saint Etienne, organisation en différents secteurs, modification des outils de liaison Ville/Hôpital.
Le site « devenir gériatre » fait campagne à travers une revue de presse et des vidéos : 8 raisons de devenir gériatre, choisir un métier d’avenir…Plutôt convaincant !
lien vers le communiqué de presse
Cette enquête fait partie des 45 projets de recherche sur le Covid-19 financés par le ministère de la santé. Elle s’intéresse à l’impact des différentes mesures déployées pour tenter de prévenir l’entrée du virus dans les EHPAD. En effet, les recommandations ayant pour but d’empêcher la propagation du virus relevaient plus du bon sens que de données scientifiques, en France comme ailleurs.
Le but de cette étude est d’obtenir des arguments validés pour mettre en œuvre des actions pertinentes lors d’une nouvelle épidémie et de mesurer les conséquences délétères des mesures de confinement.
lien vers la présentation de l'étude
Pour l’association France Alzheimer en Dordogne, les limites imposées dans les EHPAD par la crise sanitaire ont bouleversé les proches, et interroge leur place dans ces structures. Les mesures prises pour protéger leur proche vulnérable ont été bien comprises, mais dans un contexte complexe (annonce d’une maladie neuro-évolutive, entrée en EHPAD…) elles mettent à mal une relation déjà douloureuse, et posent question : comment éviter, par exemple, que la sécurité des personnes ne soient ramenées à la seule prise en compte d’un principe de précaution et à une sollicitude dont elles sont l’objet et non le sujet ? il est faut imaginer une démarche éthique où personnes fragiles, familles, professionnels et décideurs construiraient la visée éthique selon Paul Ricoeur : « une vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes »
L’association Ami-Cyclette, équipe citoyenne au sein de la démarche Monalisa dans le Finistère, a emmené quelques résidents d’un EHPAD du Pays de Morlaix en promenade en triporteur.
L’idée est d’imaginer des objets, meubles ou services à des personnes malades, âgées, ou souffrant d’un handicap, sans que cela soit, pour autant, de l’équipement médical. La montée en puissance de cette tendance est confirmée par la création par Ikea d’une gamme nommée prendre soin en suédois. L’école de design de Nantes a elle créé un laboratoire du care il y a 6 ans. On peut parler d’une approche du design inclusive, qui peut profiter à terme au plus grand nombre parce que chacun y trouve son compte à une époque où les frontières entre le normal et le pathologique tendent à s’estomper.
lien vers l'article du MondeLa santé habitée, au domicile d’habitants malades :
Avec l’actuel virage ambulatoire, le domicile devient un lieu de soin. La maladie induit une nouvelle façon d’habiter les lieux, il s’agit de réorganiser l’espace, de l’équipe mais aussi de sanctuariser certains lieux.
C’est l’objet d’une recherche initiée par Leroy Merlin Source, effectuée par Gaël Guilloux, designer, Nadia Sahmi, architecte et Lucile Hervouët, sociologue. Synthèse et rapport sont disponibles en ligne.
Les aidants sont plus que jamais en première ligne lorsqu’il s’agit de maladie d’Alzheimer, le confinement lors de la crise sanitaire a rendu leur quotidien encore plus difficile. Pour l’association France Alzheimer l’heure est aux constats et aux changements. A écouter un podcast de Radio France Alzheimer.
Depuis 2019 l’association France Alzheimer et le musée du Jeu de Paume organisent des visites d’expositions pour des personnes malades et leurs proches aidants. Un temps interrompues par le confinement ces visites ont repris de manière virtuelle pour ne pas couper le lien qui s’était créé. Une visite guidée en ligne de l’exposition « le Supermarché des images » a donc pu être proposée.
La FEHAP est partie prenante du Ségur de la santé, elle prône une vision de la santé globale, et de ce fait, le système de santé doit se penser de manière transversale, en se basant sur une coordination de tous les acteurs et de tous les secteurs, en six grands axes :
Une organisation de la santé partant de la prévention et prenant en compte les parcours des personnes à partir de leurs domiciles
Une amélioration de l’attractivité des métiers
Une organisation et une gouvernance des établissements et des services simple et réactive
Un renforcement de la coordination et des partenariats au niveau territorial
Une refonte plus opérationnelle et responsable du pilotage du système
Un financement à finalité vertueuse, sécurisante et responsabilisante
L’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé publie sa veille documentaire mensuelle. A lire concernant la thématique « vieillissement », plusieurs articles portant sur la perte d’autonomie et la création d’un cinquième risque.