Le site du CCNE a mis en ligne sa réponse à la saisine du Conseil scientifique Covid 19 : » enjeux éthiques lors du déconfinement : responsabilité, solidarité et confiance ». Il y a neuf points d’attention : la relation à l’autre, le vivre ensemble, le retour des libertés, les enjeux de la santé et de l’économie, la parole citoyenne, la recherche, la communication, le système de santé, et l’anticipation.
Les activités de soin et de service sont exercées le plus souvent par des femmes, elles-mêmes en situation de vulnérabilité et invisibilisées. L’épidémie de Covid-19 nous a amenés à découvrir et faire l’expérience de cette vulnérabilité. Peut-elle nous amener à repenser l’organisation de la société et la hiérarchie sociale de ces métiers ? Nous amènera-t-elle aussi à placer l’éthique du « care » au cœur de notre société ?
Pour Sandra Laugier, philosophe et coordinatrice de l’ouvrage : le souci de l’autre, éthique et politique du « care », éditions de l’EHESS, 2005, « l’affirmation éthique de l’importance de la dignité du « care » ne peut se faire sans une transformation sociale et une réflexion politique portant sur l’allocation des ressources et la répartition des tâches ».
Le Covid-19 révèle nos vulnérabilités structurelles et notre déni de la mort, il opère un renversement inattendu : nous sommes confrontés à la réalité de la mort qui nous contraint à nous confiner, pour préserver ceux d’entre nous qui sont les plus vulnérables. Nous prenons conscience qu’il est vital de protéger ses proches vulnérables, mais aussi de les accompagner vers la mort et de célébrer leurs funérailles, nous découvrons aussi que l’on peut mourir par manque de liens…
Notre société entretient une relation complexe au vieillissement : une population âgée : vieux, âgés, seniors, etc…, qualifiés de fragiles, vulnérables…, parallèlement à un déni du vieillissement, celui des autres et le sien.
L’émergence de la maladie met celui qui se croyait invulnérable face à sa vulnérabilité, puis à sa dépendance, maladie, isolement, et enfin mort. Le risque devient danger.
L’après Covid doit être le temps des questions : celles du rapport qu’on entretient avec soi-même, avec son propre vieillissement ; cette crise nous rappelle que nous sommes mortels.
lien vers l'article de La Croix
Ce virus dévoile notre vulnérabilité, parce qu’il nous éprouve en nous infectant, en nous confinant, ce qui nous permet d’objectiver notre vulnérabilité, et nous emmène loin de notre idéal de maitrise. C’est une leçon d’humilité, dans le sens posé par Corinne Pelluchon dans son « Ethique de la considération », l’humilité est une condition qui s’expérimente, relevant du domaine des sensations. Nous éprouvons la vulnérabilité de l’autre qui fonde notre responsabilité à son égard, et nous pousse à nous sentir concernés.
Les conséquences de l’isolement lié au confinement sont complexes à appréhender : ruptures avec les aidants habituels, capacités d’enpowerment diminuées, mais aussi conflits de valeurs entre protection et respect de l’autonomie.
L’intention, bienfaisante, de réduire le risque d’infection par le confinement entrainera des complications contre-productives sur le plan médical et social et pose la question du regard que la société porte sur les personnes les plus vulnérables.
Ce site met à disposition un centre de ressources éthiques en lien avec le Covid-19, afin de promouvoir la réflexion éthique et pour aider à la prise décision pendant cette pandémie.
L’espace éthique azuréen met en ligne de nombreuses ressources : les coordonnées de cellules de soutien des différents espaces éthique, des ressources généralistes et thématiques, etc...
De nombreux médecins de l’APHP, de spécialités très diverses, alors que les rendez-vous de consultations s’annulaient et que les services se vidaient, ont choisi de rejoindre les services accueillant des malades du Covid débordés, en particulier les services de médecine gériatrique. Tous partagent à posteriori le même ressenti : une expérience particulière, très riche sur le plan humain et médical, avec une vision de la gériatrie transformée.
Le président de la SFGG, le professeur Olivier Guérin tire les premiers enseignements de la crise du Covid :
Une nécessaire refonte des relations Ville/Hôpital
Une révision de la tarification
Le rôle d’expertise de l’hôpital
Les limites du modèle des EHPAD
Pour rappel, la HAS met en ligne des liens utiles et des outils numériques pour les professionnels d’une part et le grand public d’autre part.
Le confinement a modifié en profondeur les conditions de vie des personnes atteintes de maladies neuro-évolutives. La rupture des soins et des services à domicile a eu un impact important, avec une majoration des symptômes, et les aidants ont eu le sentiment d’être brutalement abandonnés. Rapidement les différents centres hospitaliers, dans cet article il s’agit du CHU de Marseille, ont mis en place un dispositif téléphonique afin de maintenir le lien avec les patients et leur entourage.
La population âgée a payé le plus lourd tribut de la pandémie, dans ce contexte, le modèle des EHPAD apparaît inadapté pour répondre à des enjeux de santé de cette ampleur. Ces établissements reçoivent en moyenne 80 résidents qui cumulent 8 pathologies : ce sont de petits hôpitaux qui ne disposent pas des ressources humaines et des moyens des établissements sanitaires.
Le Media Social a interrogés des directeurs d’EHPAD à la mi-mars puis deux mois plus tard. Les expériences sont très diverses pour ces directeurs, avec ou sans contamination, des relations plus ou moins tendues avec les ARS, les difficultés d’approvisionnement en matériel de protection, la question des tests…
Le logis de Camille accueille, dans le centre d’Orléans, des jeunes en formation, des personnes ayant une pathologie psychiatrique, des personnes âgées avec ou sans troubles cognitifs, accompagnés par des professionnels et des bénévoles. Il est aussi ouvert sur l’extérieur et prend place dans la vie de son quartier. Un établissement novateur, inclusif et un modèle inspirant.
En résumé, et pour donner la mesure de l’âgisme de ce virus, 92% des personnes décédées ont plus de 65 ans et 75% plus de 75 ans. Le taux de létalité est compris entre 8 et 13% chez les plus de 80 ans, versus 1% chez les personnes âgées de moins de 60 ans.
Depuis plusieurs décennies l’importance et la situation des proches aidants est prise en compte. Ils sont aussi mieux aidés face au risque d’épuisement, d’isolement, à la tentation de repli, à la nécessaire anticipation de l’évolution de la maladie.
L’actuelle crise sanitaire a bousculé cette évolution, maintenant, l’enjeu qui prime est celui de l’organisation des soutiens aux aidants dans le contexte actuel, ou dans d’autres formes de menace ultérieures qui pourraient mettre à mal leur situation.
lien vers le siteDans cette logique l’association Nouveau Souffle, engagée dans le soutien aux proches aidants a mis au point un dispositif qui est un réel suivi à distance. Cette association se mobilisant à titre solidaire, ce service est gratuit.
Le Gérontopole Pays de Loire a réalisé une étude nationale portant sur la dimension territoriale de l’isolement des personnes âgées.
Plusieurs enseignements : les grandes villes et les campagnes sont plus exposées aux situations d’isolement
Les démarches inclusives : Mona Lisa, Villes amies des aînés, etc.., sont inégalement réparties sur le territoire
Nécessité de développer des études territorialisées pour plus d’efficacité
L’association Mona Lisa, engagée contre l’isolement social des personnes âgées, met en ligne une boite à outils composée de fiches pratiques, d’outils collaboratifs et de formations.